06 juin 2019
être forêt
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On peut percevoir par exemple, dans le fait même d'une forêt qui lutte pour le maintien de son existence, la levée
d'un peuple. Observant, soutenant ce qui se tente aujourd'hui dans des espaces protégés par leur occupation même,
Jean-Baptiste Vidalou relève ainsi l'unité d'une expérience, d'une tentative, celle qui consiste à habiter des territoires
en lutte, à lutter par le fait même de les habiter, d'y installer sans exploitation ni domination des morceaux de sa
vie. (...) il appelle cela (...) : "être forêt".
Etre forêt ce n'est pas se prendre pour un arbre, c'est suivre la piste de cet événement vertical qu'est une forêt,
"quelque chose qui, contre l'étrangeté du monde administré, est enfin là"; et braver les pratiques dévastatrices (de
sols, de vies, et d'idées). Il ne s'agit pas de prendre la nature en respect, de voir dans la forêt une réserve précieuse
de la biosphère, mais d'y reconnaître "un certain alliage, une certaine composition tout à fait singulière de liens,
d'êtres vivants, de magie", un peuple qui paraît, "une défense qui s'organise", un imaginaire qui s'intensifie, de
nouvelles raisons d'aimer, des lieux et des liens où il serait enfin possible de respirer.
Marielle Macé, Nos cabanes. Verdier
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